Photographe
Naoki ISHIKAWA
Né en 1977 à Tokyo
Il présente son œuvre en traversant les contrées éloignées et les villes. Il reçoit le prix Domon Ken en 2011.
« Réflexions à Ōtsu sur l’utilité des voyages » : Ayant voyagé à travers le monde pendant plus de vingt ans, je n’avais pas particulièrement envie de participer à un voyage touristique de tournée des endroits célèbres. Et comme, dans mes destinations de voyage, j’avais fait l’une après l’autre de multiples rencontres bien plus stimulantes que celles que l’on peut espérer des lieux qui figurent dans les guides touristiques, rien ne m’attirait vers les endroits touristiques célèbres à moins d’avoir une raison très spécifique de m’y rendre. Cette façon de penser, j’ai été appelé à la modifier à l’occasion d’une visite systématique des endroits célèbres de la ville d’Ōtsu, dans la préfecture de Shiga. Le temple Ishiyama-dera, le sanctuaire Ōmi-jingū, le temple Mii-dera, l’Ukimi-dō, le temple Saikyō-ji, le Grand sanctuaire Hiyoshi, le temple Enryaku-ji du Mont Hiei, puis le lac Biwa. J’ai fait le tour de la ville d’Ōtsu en voiture pour y photographier les sites touristiques et les lieux célèbres. De plus, j’ai passé une nuit dans un ryokan à l’intérieur du temple Enryaku-ji, au Mont Hiei, et ai longuement marché dans la montagne. Au sommet, en contemplant le lac Biwa, on comprend qu’il constitue une immense source d’eau, et il est facile d’imaginer que l’implantation des habitats humains y remonte à des temps très anciens. Qu’il y ait encore aujourd’hui des sanctuaires shintō et des temples bouddhistes tout autour du lac atteste bien sûr, par la présence ancienne de peuplements humains, de la proximité de Kyōto, mais aussi de la très grande richesse du sol dans la région. Ici et là, la ville d’Ōtsu a fait remonter les souvenirs de ma connaissance fine de l’histoire du Japon, les pièces d’un puzzle se mettant en place pour mettre en branle, dans ma tête, les scènes historiques avec une grande clarté. Le voyage est différent d’une recherche sur Internet, dont les résultats se limitent aux informations recherchées ou à celles que les résultats suggèrent par association d’idées. Il permet d’apprendre des choses au-delà des limites d’une recherche sur Internet. Quant au monde des réseaux sociaux, qui n’est vaste qu’en apparence, ce qu’il procure en renforçant des liens il le reprend en limitant leur portée. Or, même le voyage touristique avec un guide imprimé en main peut mener à de nombreuses découvertes impossibles à faire par une recherche sur Internet. C’est sur cette évidence que j’ai porté ma réflexion pendant ma courte visite de la ville d’Ōtsu. Tout d’abord, il faut marcher. Ce n’est rien en soi, mais la moisson de découvertes qui en découle est surprenante. C’est ce que je souhaite dire, bien haut, suite à ce voyage à Ōtsu.